De notre responsabilité touristique

Aujourd’hui je souhaiterais vous parler de ce qu’impliquent nos actes en tant que touristes, de ce à quoi contribuent nos achats et les dérives auxquelles nous pouvons participer malgré nous. J’aimerais que nous essayions de voyager autrement, de manière responsable, en réfléchissant un minimum à nos actes.
Cet article n’a pas du tout pour but de vous culpabiliser, ni de pointer qui que ce soit du doigt, mais seulement de mettre en évidence certains problèmes. Etant donné que certaines de nos erreurs sont dues à une méconnaissance des faits, voici de quoi en savoir un peu plus.

Comment pouvons nous nous comporter en touristes responsables tout en profitant pleinement de notre voyage ?

Lorsque nos comportements sont directement mis en cause

Pendant nos voyages certains de nos actes peuvent être directement à l’origine de désagrément ou plus grave de manque de civisme total envers la population locale.

Condescendance

J’ai vu parfois certains touristes s’adresser et se comporter avec condescendance avec des locaux. Dans la plupart des cas ceux-ci ne rendent pas forcément compte grâce à la barrière de la langue, mais lorsque ce n’est pas le cas, nous pouvons les blesser profondément et ils garder une image déplorable des Français ou des touristes en général.

Colonisateur

Statue de C.Colomb à Barcelone

Ce comportement rejoint un peu le premier : c’est le portrait type du touriste qui arrive en terrain conquis, qui s’attend à ce que tout le monde se plie en quatre pour lui et que ces moindre caprices soient exaucés car c’est lui qui détient le portefeuille.
C’est une vision très réductrice du tourisme : certes cela permet à des populations de vivre, mais surtout, cette activité nous permet à nous, de découvrir le monde. Par ailleurs, ne jamais oublier qu’à l’étranger nous sommes les “invités” de quelqu’un, d’un pays, d’un peuple. La moindre des choses est encore de les respecter.

Irrespect culturel

La Giralda : Mosquée, construite sur une ancienne église wisigoth, ensuite transformée en cathédrale…

C’est malheureusement le point qui pose le plus de problèmes : de trop nombreux touristes, aujourd’hui encore ne s’informent pas et ne s’intéresse pas aux coutumes locales. Résultat, ils se retrouvent scandalisés lorsqu’on leur reproche des vêtements trop courts, ou des attitudes offensives. Se renseigner sur une destination, même en voyage organisé, me semble être un minimum quand même.

Actions malheureuses

Par actions malheureuses j’entends des actions qui ne se voulaient pas forcément mauvaises, mais qui peuvent avoir de très vilaines conséquences :

Donner de l’argent aux enfants ou leur acheter des souvenirs

petite danseuse à Bali

Combien de fois j’ai vu des touristes, tellement détendus pendant leurs vacances, qu’ils en oubliaient tous leurs principes et donnaient de l’argent ou achetaient des babioles à des enfants qui auraient dû se trouver à l’école et non dans les rues. Cela ne fait qu’encourager leurs parents à ne pas envoyer leur enfants à l’école, surtout que dans certains cas les enfants rapportent plus d’argent qu’eux. On peut comprendre que la pauvreté ne leur laisse pas beaucoup de choix, mais certains font le choix de ne leur demander de l’aide que pendant leurs vacances scolaires par exemple.

Donner des cadeaux aux enfants

j’ai été confrontée à ce problème lors de mon voyage au Maroc : même certains livres conseillent d’emmener des stylos et cahiers pour les distribuer aux enfants des villages. Résultat : dans certains endroits, dès que des touristes passent, des enfants courent réclamer leurs cadeaux.

Assister aux spectacles d’animaux

Je me soucie aussi un peu des animaux et je n’apprécie pas trop qu’on les maltraite. Même s’il est possible que les animaux que l’on vous exhibe à l’étranger ne soient pas forcément maltraités, tant que le doute persiste, je préfère m’éloigner de ce genre d’exploitation (on lui verse un salaire au singe pour danser toute la journée??)
Lorsqu’on voit comment les éléphants sont parfois dressés en Asie afin de balayer des touristes sur le dos, on préfère ne pas encourager ces tortures. (Pour plus d’info lisez ceci)

J’ai personnellement vécu une de ces situations en Indonésie :
dans un hôtel où on logeait, on trouvait de mignonnes petite chauve-souris … aux ailes coupées pour qu’elles ne s’enfuient pas !


Dans une exploitation que notre groupe a visité, on trouvait un grande nombre d’animaux dans des cages minuscules, horrible …(j’avais même pensé les dénoncer à une association sur le coup ! j’étais tellement dégoûtée d’avoir été traînée là que je suis repartie en n’achetant rien et en essayant de dissuader les autres de le faire).

Les actions avec impact indirect

Choix des logements touristiques

Hôtels en construction sur le littoral d’Acapulco.

Lorsque je voyage, je fuis maintenant comme la peste les grands hôtels, symboles du tourisme de masse. Il faut savoir que souvent ces groupes hôteliers effectuent un véritable massacre de la biodiversité afin de pouvoir déverser leurs tonnes de béton. Aux Mexique par exemple, des lois sont censées protéger le littoral magnifique mais lorsque vous visitez la péninsule du Yucatan, vous vous demandez à quoi elles servent. Si vous tenez donc à visiter ce type de région, privilégiez des hôtels plus respectueux ou plus petits lorsque c’est possible.

On peut voir ici que les hôtels sont construits directement sur la plage ! (Cancun)

Visites et activités douteuses

Le choix d’activités à l’étranger est infini, et du coup il est parfois très difficile de savoir dans quoi on se lance exactement. Certaines de ces activités génèrent des impacts non négligeables sur l’environnement ou la population. Prenez par exemple la plongée avec les requins, où l’on appâte les requins avec de la viande … faut pas s’étonner si après ceux-ci prennent de mauvaises habitudes “alimentaires”.
Mais j’ai découvert encore pire en lisant cet article : une plantation brésilienne s’amuse à recréer l’époque esclavagiste pour les touristes, en mettant en scène les propriétaires en costumes d’époque et les employés en costume d’esclaves ! Mais qui a envie de voir cela ?

Choix des pays à visiter

J’ai longtemps hésité pour ce point-là et je suis sûre que vous aussi vous hésitez parfois à visiter certains pays à cause d’un régime que vous ne cautionnez pas, mais qu’après tout il n’y a pas de raison que la population en paye les conséquences.
C’est un peu ce qui se passe en ce moment en Turquie : les professionnels du tourismes se désolent de la baisse du tourisme, et certains mettent cela sur le compte des convictions politiques de certains touristes qui n’apprécient pas les actions de leur gouvernement. Est-ce le cas ? Je ne sais pas, mais c’est possible.
Pour ma part, j’aime quand même être au fait de la situation politique du pays que je visite, mais c’est sur qu’il est très difficile de porter un jugement lorsqu’on ne vit pas sur place et que l’on n’a pas toutes les cartes en main.
Qu’en pensez vous ? Est-ce que visiter un pays avec un régime totalitaire, veut dire cautionner le régime ? ou simplement vouloir rencontrer sa population ?

J’espère avoir pu attirer votre attention sur certains problèmes que peut susciter le tourisme sans avoir dépeint un tableau trop noir, car ce n’est pas l’objectif de ce blog !
Le tourisme est une chance immense, pour nous voyageurs et pour les pays accueillants, qui créent une industrie dynamique et étendent leur influence. Pour que ces activités restent perdurent, il est cependant important de rester vigilant sur leurs impacts, parfois difficiles à évaluer.

Plusieurs organismes sensibilisent les voyageurs à ces thématiques :

Voyageons autrement ou Tourisme Responsable par exemple.

Responsabilité des touristes et tourisme responsable

De votre côté, est-ce que cette éthique fait partie de vos préoccupation lors de la planification de vos voyages ? Quels sont les conseils que vous pourriez donner ?

6 Comments

  1. Un article très intéressant. Les photos des animaux m’ont retournée… terrible de voir ça . Pour la question des voyages en dictature ou non, mon choix est fait : non, je n’irai pas prendre du bon temps dans un pays où la population est opprimée. Il y a deux choses, la morale et ma sécurité personnelle. Je ne veux pas aller dans un pays où règne l’arbitraire et la brutalité.
    Très interessant tout ce que tu soulèves !

    1. Oui pour ma part je me pose encore la question concernant les régimes : certains pays très touristiques sont pourtant des régimes très autoritaires (monarchie ou gente militaire par exemple) et pourtant nous nous y rendons quand même, est-ce que ce ne sont pas tout simplement des dictatures déguisées ? Par ailleurs, le mélange de la population locale avec les touristes est une bonne chose : cela encourage un échange d’idées(dans les 2 sens), et d’informations parfois non accessibles autrement (sans parler des retombées économiques qui sont souvent des sources de développement pour des projets d’éducation par exemple). Voila pourquoi j’ai du mal à avoir un avis tranché sur le cas général. Par contre au cas par cas, je sais que je ne mettrai pas les pieds en Corée du Sud par exemple !

  2. C’est un article intéressant qui nous rappelle que voyager a des impacts sociaux, économiques et environnementaux importants sur les zones que l’on visite. Malheureusement, c’est assez compliqué de concilier réellement tourisme et protection de l’environnement ><
    Je crois que l'un de mes principaux acte militant en voyage est de ne pas utiliser Air b'n'b qui a un effet complètement néfaste sur le logement dans les grandes métropoles, et j'essaie de limiter mes déplacements aériens lorsque cela est possible, tant pis si durant mes 15 jours de voyage, je n'ai pas vu l'intégralité du pays !

    1. Pour ma part je ne pense pas que les deux soient impossible à concilier si on réfléchit un minimum à ce que l’on fait. Tes actions sont déjà pas mal je trouve, et pour peu que les autorités locales mettent en place des règles (et les respectent), nous pourrons inverser le rapport bénéfices/ impacts. Bien sur l’impact ne sera jamais nul, mais si celui-ci est minime et que la population locale profite convenablement des retombées du tourisme, ce serait déjà un grand pas (il ne faut pas oublier que c’est parfois grâce au tourisme que certaines populations peuvent conserver un mode de vie traditionnel et ne pas migrer vers les grandes villes).

  3. Merci pour cet article ! Tu cites les principaux impacts que peut avoir le tourisme/voyage. J’y ai souvent réfléchi, et j’en suis même venue jusqu’au point où si on ne veut pas avoir d’impact quelconque, il faudrait rester chez soi. Pas facile… Personnellement, je suis sensible à ça quand je voyages, comme beaucoup j’imagine. J’essaye d’être respectueuse des gens que je rencontre, de ne pas promouvoir le travail des enfants (je n’apporte pas de cadeaux non plus d’ailleurs, en consommant le plus intelligemment possible sur place, j’estime que je participe à faire marcher l’économie et donc à donner une meilleure vie aux enfants aussi d’une certaine manière), de ne pas promouvoir des activités qui sont nocives pour les populations et les animaux (exit les balade à dos d’éléphants en Thaïlande, les zoos en général, et j’en passe). Mais bon, ça reste pas évident dans certains pays de faire es bons choix. Bien se renseigner sur les endroits où l’on va et les activités que l’on fait reste encore le meilleur moyen d’éviter cela. Le gros dilemme pour moi reste les sites UNESCO qui a force d’accueillir des touristes se dégradent à vue d’œil (Angkor n’est qu’un ex parmi tant d’autres), en même temps qu’ils sont protégés et subissent des rénovations dont ils n’auraient bénéficié s’ils n’avaient pas été classés…

    1. Merci pour ton commentaire. Oui c’est vrai que si on voulait avoir un impact zéro, il faudrait commencer par ne pas prendre l’avion, ce qui est impossible pour les destinations éloignées, alors on essaie de limiter intelligemment.
      C’est vrai que j’avais pensé à rajouter la dégradation des monuments en fin d’article comme impact touristique : hélas, je ne vois pas de solution évidente à ce problème, alors je ne l’ai pas mentionné. Je serai la première à pleurer si on en venait à fermer certains sites à cause de cela. Cela-dit alors que certains pays ont fait le choix de limiter et contrôler les entrées pour protéger leur patrimoine (comme l’Alhambra en Espagne par exemple), d’autre ne limitent rien du tout tant qu’il y a du profil (je me souviens du Duomo de Florence où c’était du vrai n’importe quoi, avec des tags partout à l’intérieur, un air irrespirable tellement c’était plein de monde!).
      J’espère que d’ici 100 ans nous laisserons les même merveilles aux générations futures!

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